Aujourd’hui Rose, que j’accompagne depuis quelques mois, m’a raconté comment elle a réussi le tour de force de se créer une phobie des activités qui la passionnent et à retrouver l’équilibre. Son témoignage m’a semblé intéressant, et avec son autorisation, j’ai décidé de le partager avec vous.
Nous sommes à la fin de l’année scolaire, à quelques jours de son départ en congé. Son corps est au bout, épuisé. Il tremble de tous ses membres, le cœur palpite, avec la sensation qu’il ne résistera pas et qu’il va lâcher.
Alors elle abandonne, il n’y a plus d’autre choix que de ne rien faire. Elle a à peine suffisamment d’énergie pour annuler les quelques rendez-vous qu’elle a prévu. A ce point, il n’y a plus qu’à vivre la crise, à accompagner le corps dans sa traversée du désert et à observer les émotions et les pensées qui émergent et se bousculent à cette occasion.
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Elle prend conscience de ce nouvel avertissement du corps qui exhorte le repos maintenant, tout de suite, en urgence. Elle prend aussi conscience qu’elle est encore et toujours entrainée dans le décider, le vouloir faire, faire encore et encore et faire vite. Alors qu’une autre partie d’elle-même la pousse à cultiver l’être, la simple présence à la vie, vivre ce qui se présente naturellement. Moins prévoir, anticiper, organiser, plus faire confiance à la vie et laisser les choses se faire d’elles-mêmes.
Force est de constater qu’elle navigue au milieu de deux courants opposés. Jusqu’à présent elle se trouvait gouvernée par le premier. Il est le modèle qui domine et qui est enseigné au sein de notre monde moderne. La voix du second a toujours été présente mais depuis un moment elle sent sa force monter lentement mais puissante comme une lame de fond. Il ne semble pas disposé à la moindre concession.
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De plus en plus de rencontres donnent naissance à de plus en plus de projets et d’activités passionnantes qui la rendent enthousiaste et impatiente. Elle a envie de foncer de concrétiser, cependant la force de son énergie est freinée, elle doit ralentir, son corps ne suit pas le rythme. A l’image d’une fusée lancée hors de l’atmosphère, les forces contraires risquent de faire exploser l’ensemble, c’est un moment délicat que de préserver le véhicule qui protège le cosmonaute.
Son corps demande plus de repos, de lumière du soleil, d’air pur, d’eau saine, de douceur. Et comme la vie n’est que synchronicité, des vacances au bord de la mer sont prévues. Douze jours pour se ressourcer, se régénérer, savourer le contact avec un milieu naturel adapté au besoins essentiels de son corps, un rythme plus lent qui permet de prendre le temps, d’être à l’écoute des petites choses, pas d’objectif, pas d’agenda, pas d’horaires.
Et si c’était cela la vraie vie, et si c’était cela vivre vraiment?